Après les incursions passées dans la science-fiction et l’horreur cinématographique, c’est le cyberpunk que clipping. explore par le médium du hip-hop sur Dead Sky Channel. Encore une fois, le trio fait dans la subversion des attentes et le mélange bien dosé d’accroches et d’expérimentation.
Depuis quelques albums, chaque proposition de clipping. nous entraîne dans un jeu de manipulation de références et de tropes musicaux bien spécifiques. Tout ça pour créer un expérience esthétique nichée, qui se veut bien plus qu’un énième bon album de hip-hop. Sur Dead Sky Channel, le trio californien fait un virage vers le rétrofuturisme en renvoyant au cyberpunk des années 1990. On l’entend dès “Dominator”, qui succède à l’intro en évoquant le breakbeat d’un groupe comme The Prodigy. La base noise et glitch qui définissait déjà le son du groupe se prête à merveille à la prose de Daveed Diggs, qui livre avec virtuosité un commentaire cinglant sur les défaillances technologiques de notre siècle. Ces défaillances, on les prophétisait déjà dans la littérature il y a plus d’un quart de siècle. Toutes ces références, lyriques et sonores, nous transportent ainsi vers une vision vintage et dystopique de l’avenir technologique, vision avec laquelle le présent semble de plus en plus s’accorder.
Certains moments du disque frappent comme une boutade forçant à réfléchir sur les promesses d’efficacité de notre monde numérique et interconnecté. Notamment, les morceaux ‘Code’ et ‘Polaroids’ sont tous deux suivis par des versions “glitch” d’eux-même, rallongeant au passage la durée de cet album de presque une heure. C’est-à-dire qu’après chacune de ces chansons, on assiste à une redite du même morceau qui semble avoir été brisée à coup de plug-ins dans l’interface audio. On croirait presque que notre lecteur CD nous fait faux bond…