Catherine Lamb est une compositrice américaine installée à Berlin, et l’une des compositrices de sa génération les plus en demande (le calendrier de ses œuvres interprétées un peu partout est impressionnant). Son catalogue compte une douzaine d’œuvres pour orchestre et de nombreuses œuvres de musique de chambre.
Sa musique adopte souvent la forme du drone, c’est donc une musique qui se développe dans la verticalité. Elle aime provoquer des collisions harmoniques qui colorent le timbre des instruments comme cela s’entend aussi dans la musique spectrale, par exemple. Son intérêt pour ce travail sur l’espace harmonique s’est développé auprès du compositeur de musique microtonale James Tenney, avec qui elle a étudié à CalArts. Elle évoque aussi, particulièrement à propos de cette pièce, interius/exterius, le concept de « deep listening » développé par Pauline Oliveros. Les membres du Ghost Ensemble sont des habitué-e-s du travail de cette dernière, et ils mettent leurs connaissances en pratique dans cette interprétation qu’ils ont préparée lors d’ateliers avec Catherine Lamb.
La pièce se construit sur un système basé sur une fréquence fondamentale de 10 Hz, un son inaudible qui est apparemment celui du ronronnement du cerveau au repos. À partir de là, la musique tend à se rapprocher de ce centre ou à s’en éloigner (vers l’intérieur ou vers l’extérieur). L’ensemble compte une flûte, un hautbois, un accordéon, une harpe, un dulcimer, un alto, un violoncelle et deux contrebasses. Contrairement à de nombreuses œuvres basées sur la formule du drone, celle-ci n’évolue pas en crescendo, mais plutôt par soustraction, les longues notes tenues par tout l’ensemble faisant place graduellement à des notes courtes jouées par des instruments qui semblent gagner une certaine individualité, avant de s’étioler dans le silence au bout d’une décomposition à petit feu de 34 minutes. Ça passe trop vite.