expérimental / contemporain

Suoni | Chik White et Ky Brooks poussent les hauts cris (mais pas Jessica Ackerley)

par Frédéric Cardin

Trois performances vastement différentes se sont succédées hier soir à la Casa del popolo pour le concert mettant en vedette Chik White, Ky Brook/Robyn Gray et Jessica Ackerley. Deux d’entre elles nous ont plongé dans le bruitisme avec force cris et décharges vocales, parfois étranges et déroutantes.

D’abord la perfo de Chik White, Darcy Spidle au civil, que des oreilles conservatrices (et même pas tant que ça) qualifieraient d’énergumène, ou de schizophrène en crise hallucinatoire. White joue de la guimbarde et de la guitare, mais disons plutôt qu’il les violente pour en faire ressortir des sons improbables, qu’il accompagne de borborygmes et de cris improvisés. Matante Rose aurait dit qu’il sonne comme le personnage animé de La Linea (googlez ça) en train de se noyer. Ou de vomir. Ou les deux en même temps. Je tiens à dire que je n’ai pas de matante nommée Rose, que je n’ai rien contre les tantes, ni contre quiconque s’appelle Rose. C’est juste pour dire que ce genre de show est tout sauf grand public. Cela dit, la désinvolture de l’artiste basé en Nouvelle-Écosse aidant, j’ai eu énormément de plaisir à le voir (et l’entendre) aller ce monsieur, fasciné que j’étais par ce qu’il arriverait à inventer la seconde suivante. Anormal et étonnant. Vive Suoni!!

La deuxième perfo était celle, un brin plus ‘’conventionnelle’’ (ne dites pas ça à matante Rose), du duo de la vocaliste et designer sonore Ky Brooks et de la guitariste Robin Gray. Les Montréalaises font dans le bruitisme charpenté par les drones. Elles déchirent ces derniers et construisent un build-up qui mène à une finale pulsative, sur laquelle Brooks se défoule en lançant des cris de rage bien sentis, mais contrôlés (si on compare avec Chik White). Inoubliable, intense et franchement cathartique. Votre humble serviteur a beaucoup aimé.

Le clou de la soirée nous a offert une tout autre sorte de performance. Et ce n’était pas plus mal, au contraire. Après les expériences précédentes qui faisaient presque passer Diamanda Galas pour une scout, la guitariste albertaine Jessica Ackerley a imposé une énergie purement instrumentale plus apaisante, faite d’impressionnisme planant et cosmique, et d’épisodes de grande finesse digitale.

Occasionnellement, quelques éruptions hard, voire métal, prouvent son savoir oécuménique en matière guitaristique. En tout et partout, la jeune dame qui poursuit un doctorat à Honolulu a marqué les esprits. Voici une interprète de très très haut niveau, tant dans le savoir et le raffinement académique que dans l’art de l’impro et l’éclectisme. Une belle découverte pour ceux et celles qui ne la connaissaient pas.

C’est ce genre de soirée qui nous rassure sur l’avenir de la créativité musicale, et qui démontre le caractère essentiel d’événements comme le festival Suoni per il popolo.

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