classique moderne / classique occidental / musique traditionnelle sud-africaine

L’OSM et Abel Selaocoe : de ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps

par Judith Hamel

L’OSM nous offre parfois des cadeaux. Des moments de communion inattendue comme c’était le cas le 22 mai dernier. Le programme du concert mettait avant tout de l’avant la pièce conclusive Roméo et Juliette, mais c’est surtout le voyage pour s’y rendre qui fut porteur de sens. 

Le concert s’est ouvert avec Ma mère l’Oye de Maurice Ravel, sous la direction expressive et précise de la cheffe Xian Zhang. Cette suite de contes musicaux a permis à plusieurs musicien·nes d’être mis de l’avant en tant que solistes. Dans Les entretiens de la Belle et de la Bête, le fameux solo de contrebasson, incarnant la Bête maladroite, a été brillamment interprété par Michael Sundell avant que le glissando désenchanteur de la harpe le transforme en prince. 

Puis, est entré en scène Abel Selaocoe pour interpréter Four Spirits qui évoque la communauté de Sebokeng où il a grandi, accompagné de l’orchestre et du multipercussionniste Bernhard Schimpelsberger. Selaocoe est un violoncelliste et chanteur d’origine sud-africaine apportant avec lui un bagage musical impressionnant. 

Par un recours inventif aux techniques de jeu étendues, il explore en profondeur les potentialités rythmiques, mélodiques, mais surtout timbrales de l’instrument qu’il met au service de l’expressivité. Avec son violoncelle, Selaocoe parvient à convoquer une pluralité de timbres et de fonctions : l’instrument devient tour à tour l’écho rythmique de sa voix, un double vocal, ou se rapproche d’un luth ou d’une guitare. Il se fait tantôt accompagnateur, tantôt porteur d’envolées lyriques, et assure le prolongement sensible de son corps. 

Pour sa voix, que dire… Déjà, que l’amplification bien dosée dans la Maison Symphonique met de l’avant l’étendue de ses jeux vocaux et permet d’assurer la grandeur de sa créativité et de ses expressions dynamiques. Encore là, il mélange plusieurs traditions, en insérant dans un solide contrôle vocal des doux chants de langues sotho du sud et en zulu et des chants gutturaux qui emplissent acoustiquement la salle. Ensemble, le violoncelle et la voix permettent d’exprimer les textes inspirés avec une gamme d’émotions dédoublée. 

Du quatrième mouvement, célébrant l’esprit de collectivité, sont sortis un timide murmure puis un chœur composé du public. Après une longue ovation, Selaocoe est revenu sur scène pour offrir un dernier air dédié à l’instant présent. Il nous rappelle que si nous n’avons pas su faire ce qu’il fallait hier, il est encore temps de le faire aujourd’hui. Et un dernier chœur se forma… 

En deuxième partie, retour aux classiques avec des extraits des deux premières suites de Roméo et Juliette de Prokofiev. Une œuvre qui on l’imagine a été jouée des centaines de fois par les musicien.nes, mais qui ne manque pas d’être agréable à entendre. Si l’interprétation n’a pas été la plus marquante de la soirée, elle n’en demeurait pas moins efficace. Entre les solides éclats de Pierre Beaudry au trombone basse et les envolées dramatiques portées par Zhang, le public y a trouvé son compte. 

Une soirée où la nouveauté et le déjà connu s’alterne et permet au public de ressentir les émotions sincères. En espérant que Selaocoe nous revienne vite ! 

Il y a des soirs comme celui-là qu’on aimerait déjà revivre bientôt. 

crédit photo : Antoine Saito

Tout le contenu 360

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

Marathon Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes

Marathon Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Ken Pomeroy – Cruel World

Ken Pomeroy – Cruel World

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell’s à la SAT

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell’s à la SAT

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Lido Pimienta – La Belleza

Lido Pimienta – La Belleza

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

SMCQ | Le meilleur « concert au chandelles »

SMCQ | Le meilleur « concert au chandelles »

Men I Trust – Equus Caballus

Men I Trust – Equus Caballus

Grails – Miracle Music

Grails – Miracle Music

The Halluci Nation – Path of the Baby Face

The Halluci Nation – Path of the Baby Face

Un choeur de guitares lap steel et un ange pour conclure la saison de Innovations en concert

Un choeur de guitares lap steel et un ange pour conclure la saison de Innovations en concert

JazzRenyon | Plongée jazz dans l’Océan Indien

JazzRenyon | Plongée jazz dans l’Océan Indien

L’OSM et Abel Selaocoe : de ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps

L’OSM et Abel Selaocoe : de ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps

Atteindre le ciel : le défi de Francis Choinière pour finir la 10e saison de son OPCM

Atteindre le ciel : le défi de Francis Choinière pour finir la 10e saison de son OPCM

Piknic 3 : Un peu de tout (everything) sous un ciel variable

Piknic 3 : Un peu de tout (everything) sous un ciel variable

Cazzu – Latinaje

Cazzu – Latinaje

Stereolab – Instant Holograms On Metal Film

Stereolab – Instant Holograms On Metal Film

SMCQ | In memoriam Jocelyn Morlock

SMCQ | In memoriam Jocelyn Morlock

Abbey Road, un concerto de Guy Braunstein au Festival Classica

Abbey Road, un concerto de Guy Braunstein au Festival Classica

Mira Choquette – Hier encore

Mira Choquette – Hier encore

Inscrivez-vous à l'infolettre
OSZAR »